Thalès de Milet (av. 625 – 547 av. J.-C.) était un philosophe, astronome, ingénieur et mathématicien grec présocratique. Il est considéré comme le fondateur de l’école de Milet et l’un des sept sages de la Grèce antique.
Il a cherché à déterminer rationnellement un principe fondamental (arkhè) pour expliquer l’origine et la constitution de la nature physique (physis).
Biographie
Thalès, fils d’Examyes et de Cléobuline, est né vers 625 avant J.-C. dans la cité-État grecque de Milet, en Ionie, l’actuelle Turquie. Il est mort en 547 av. Sa famille était d’origine phénicienne.[1]
Selon le récit de l’historien Hérodote, Thalès de Milet a pris une part active dans la politique de sa ville, donnant des conseils aux Ioniens. Il est décrit non seulement comme un homme politique mais aussi comme un grand ingénieur, ayant réussi à creuser un profond canal dans le fleuve Halys, permettant aux eaux de changer de direction, ce qui permit à l’armée de Crésus de passer sur l’autre rive.[2]

Voyage en Égypte et influences
Au cours de son voyage en Égypte, Thalès a eu l’occasion d’apprendre les mathématiques et la géométrie égyptiennes, notamment le calcul des distances et des hauteurs sur la base de l’égalité et de la similitude des triangles. Il a ensuite ramené ces connaissances en Grèce.[3] De plus, il est possible que sa théorie selon laquelle la Terre flotte sur l’eau ait également une influence égyptienne.[4]

Théorème de Thalès
Thalès de Milet est reconnu comme l’un des premiers mathématiciens de l’histoire, ayant apporté des contributions significatives aux domaines de la géométrie et de la trigonométrie. [5]
Le théorème de Thalès est un principe géométrique qui stipule que si deux lignes sont coupées par une transversale, les segments formés sur ces lignes sont proportionnels. Grâce à ce théorème, il a pu mesurer la hauteur des pyramides d’Égypte en observant l’ombre projetée par le soleil.[6]
Prévision d’une éclipse solaire
Selon Hérodote, Thalès aurait prédit l’éclipse de soleil qui s’est produite le 28 mai 585 av. J.-C. Le passage soudain du jour à la nuit a entraîné la fin de la guerre entre les Mèdes et les Lydiens.[7]
On pense que Thalès n’a pas fixé de date exacte, mais une date approximative pour l’éclipse, et que sa prédiction provenait de son contact avec les archives astronomiques des Babyloniens. La prédiction de l’éclipse pourrait avoir été faite à partir d’une série d’observations empiriques, plutôt qu’à partir d’une théorie astronomique plus complexe.[8]
D’autre part, certains chercheurs contestent totalement la véracité de ce récit, soulignant les implications chronologiques et historiographiques contenues dans l’œuvre d’Hérodote. « Aucune éclipse réelle, affirme Mosshammer, ne répond aux exigences du récit d’Hérodote.[9]
Découverte de la Petite Ourse
Thalès de Milet a mesuré la constellation de la Petite Ourse, suggérant aux marins de Milet d’être guidés par elle.[10] Les constellations de la Petite et de la Grande Ourse ont joué un rôle majeur dans les navigations de l’époque.
Thalès s’intéressait beaucoup aux observations astronomiques. Selon une anecdote rapportée par Diogène Laërce dans Vies et doctrines des illustres philosophes, Thalès, distrait par l’observation des étoiles, tomba dans un puits profond et, lorsqu’il cria au secours, une femme lui dit :
Ô Thalès, tu ne vois pas ce qui est à tes pieds et tu veux connaître ce qui se passe dans le ciel !

Œuvres
Certaines sources anciennes attribuent à Thalès certains ouvrages, tels que :[11]
- Guide Stellaire Nautique
- Du Solstice
- De l’Equinoxe
Cependant, les chercheurs modernes remettent en question l’authenticité de ces écrits.[12] Certains éléments le prouvent, comme le fait que Diogène affirme que Thalès n’a rien écrit et qu’il attribue le Guide Stellaire Nautique à Phocus de Samos.[13] Aristote, par les expressions prudentes qu’il utilise lorsqu’il commente la philosophie de Thalès, semble n’avoir eu aucun contact direct avec les œuvres de Thalès.[14]

Les principales idées de Thalès
Les principales idées de Thalès sont les suivantes :
- L’eau est l’arkhè, le fondement de toute chose ;
- Toutes les choses sont remplies de dieux ;
- Toutes les choses ont une âme ;
- La terre flotte sur l’eau ;
L’eau est l’arkhè
Selon Thalès de Milet, l’eau est le principe fondamental (arkhè) à l’origine de toute chose. Il est parvenu à cette conclusion en observant que toutes les choses dépendent de l’humidité pour survivre.
En outre, les graines, les plantes et les aliments sont composés d’humidité, et tout ce qui meurt se dessèche.
Cosmologie
Thalès pensait que la terre flottait sur l’eau, se déplaçant comme un navire. Les tremblements de terre seraient provoqués par les mouvements des eaux.
Le philosophe de Milet aurait également été le premier à déterminer la course du soleil d’un solstice à l’autre, de plus, il aurait stipulé la taille du soleil, qui correspondrait à la 720e partie du cercle solaire.[15]
Hylozoïsme
Thalès croyait que tout, y compris les êtres inertes, possédait une âme et une vie. Cette doctrine est connue sous le nom d’hylozoïsme, terme dérivé du grec hyle (matière) et zoe (vie).
Pour prouver cette doctrine, il utilise l’exemple de l’aimant qui attire le fer par la force magnétique. Le mouvement généré par l’aimant prouverait que toutes les choses ont une âme.[16]
En outre, son affirmation selon laquelle « tout est plein de dieux » peut être liée à l’affirmation selon laquelle tout a de la vie.
Tableau synoptique
Philosophe | ![]() Thalès de Milet |
Naissance | c. 625 a.C. – Milet |
Décès | c. 547 a.C. – Milet |
Œuvres | Il n’a rien écrit |
Période | Pré-socratique |
École | École de Miletus |
Idées principales | L’eau est l’arkhè Hylozoïsme |
Influencé par | Astronomie babylonienne Géométrie et mathématiques égyptiennes |
A influencé | Anaximander Anaximène |
Références
ABNT Style
ARISTOTE, Métaphysique.
BORNHEIM, Gerd A. (Org.) Os filósofos pré-socráticos. São Paulo: Cultrix, 1998.
BURNET, John. A aurora da filosofia grega. Trad. de Vera Ribeiro. São Paulo: Contraponto, 2006.
COPLESTON, Frederick. Historia de la filosofia, Grecia y Roma. Trad. Juan Manuel García de la Mora. México: Ariel, 1983.
Diogène Laërce (DL), Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres.
EUCLIDES. Os Elementos. Tradução de Irineu Bicudo. São Paulo: UNESP, 2009.
HÉRODOTE, Histoires.
KIRK, G.S., RAVEN, J.E. e SCHOFIELD, M. Os Filósofos Pré-Socráticos: história crítica e seleção de textos. Lisboa: Fundação Calouste Gulbenkian, 1983.
MARÍAS, Julián. História da Filosofia. Trad. Claudia Berliner. São Paulo: Martins Fontes, 2004.
MOSSHAMMER, Alden A. Thales’ Eclipse. Transactions of the American Philological Association, v. 111, p. 145-155, 1981.
O’GRADY, Patricia F. Thales of Miletus: The Beginnings of Western Science and Philosophy. New York: Routledge, 2002.
SHIELDS, Christopher (editor). The Blackwell Guide to Ancient Philosophy. Blackwell Publishing ltd., 2003.
QUEREJETA, Miguel. On the Eclipse of Thales, Cycles and Probabilities. Culture and Cosmos, v. 15, p. 5-16, 2011.
Notes
- DL, I, 1, 22 – 44. ↑
- Hérodote, I, 170, 75 ↑
- Proclus, Les éléments d’Euclide, I, p. 38: Thalès, qui s’était d’abord rendu en Égypte, transporta cette théorie en Grèce et, d’une part, découvrit beaucoup de choses et, d’autre part, montra les principes de beaucoup d’autres à ceux qui vinrent après lui. ↑
- KIRK et al. 1983, p. 90. ↑
- O’GRADY, 2002: Cinq théorèmes d’Euclide ont été explicitement attribués à Thalès. Cette affirmation et l’exactitude des sources sont généralement acceptées, mais pas de manière unanime. ↑
- DL, I, 1, 27. ↑
- Hérodote, I, 74 ↑
- KIRK et al., 1983, p. 79. ↑
- MOSSHAMMER, 1981, p. 151. ↑
- KIRK et al., 1983, p. 81. ↑
- KIRK et al., 1983, p. 83-84. ↑
- KIRK dit : les témoignages ne permettent pas une conclusion sûre, mais ce qui est probable, c’est que Thalès n’a pas écrit de livre. ↑
- DL, I, 1, 23. ↑
- Des expressions telles que « en jugeant d’après ce qui est dit », ou « l’explication que Thalès aurait donnée… », montrent qu’Aristote n’était pas sûr de l’authenticité des opinions anciennes attribuées à Thalès. ↑
- DL, I, 1, 24. ↑
- Aristote, De anima, I, 2. ↑